Bois d’extérieur : séchage AD ou KD, quelles différences ?

Le bois est un matériau vivant, intimement lié à l’eau. Même lorsqu’il paraît sec, il contient encore de l’humidité, un paramètre déterminant qui influence :

• son poids,
• ses dimensions,
• sa stabilité,
• ses performances mécaniques,
• sa durabilité,
• et sa qualité d’usage.

Un mauvais contrôle de l’humidité est l’une des premières causes de litiges lors de la transformation, de la livraison ou de la mise en œuvre. C’est pourquoi comprendre la notion de séchage – et les termes commerciaux AD ou KD – est indispensable.

Taux d’humidité : comment se mesure-t-il ?

Selon la norme EN 13183, l’humidité est le rapport entre la masse d’eau contenue dans le bois et sa masse totalement sèche :

H % = (Masse d’eau) / (Masse du bois sec)

Dans l’arbre, ce taux peut atteindre 60 à 200 % selon l’essence. Cette eau se présente sous deux formes :

• l’eau libre : contenue dans les cavités des cellules, facile à éliminer (ressuyage),
• l’eau liée : retenue dans les parois cellulaires, évacuée uniquement par évaporation.

L’image de l’éponge est très parlante : un simple pressage élimine l’eau libre, mais seule l’évaporation permet de retirer l’eau liée et d’atteindre un état réellement sec. Le bois fonctionne de manière similaire.

Point de saturation des fibres (PSF)

On appelle PSF l’humidité maximale contenant uniquement de l’eau liée, c’est-à-dire sans eau libre. En dessous de ce point, toute variation d’humidité entraîne un retrait ou un gonflement du bois. C’est là que naissent les déformations.

• PSF des bois européens : environ 30 %
• PSF des bois tropicaux : entre 15 et 45 % selon l’essence

Les valeurs sont indicatives : chaque essence possède sa propre fiche technique, avec des variations possibles.

Mesurer l’humidité : quelle méthode fiable ?

La méthode la plus précise est la mesure par différence de masses :

1. On pèse un échantillon humide (Mh).
2. On le sèche en étuve ventilée à 103°C jusqu’à stabilisation.
3. On pèse l’échantillon sec (M0).
4. On calcule : H % = (Mh – M0) / M0

Il existe également des appareils de mesure non destructifs (résistivité ou capacité). S’ils sont bien étalonnés, ils donnent une estimation rapide du taux d’humidité.

L’équilibre hygroscopique du bois

Le bois échange en permanence de l’humidité avec l’air ambiant. À température et humidité relative données, il se stabilise à une humidité dite d’équilibre hygroscopique.

Exemple : dans un milieu climatisé à 20°C et 65 % d’humidité relative, un bois tempéré atteint environ 12 % d’humidité.

Le temps nécessaire est variable (essence, section, écart initial d’humidité) et peut être réduit par un séchage artificiel. Cependant, l’équilibre n’est jamais parfait : le bois reste généralement environ 1 % au-dessus ou en dessous de sa valeur d’équilibre.

AD, KD, Shipping dry : que signifient ces termes ?

Ces mentions commerciales reviennent souvent dans les devis, factures ou fiches techniques.

• KD – Kiln Dried : séchage artificiel en séchoir. L’humidité cible doit être indiquée. En général : 9 à 22 %.
• AD – Air Dried : séchage naturel à l’air libre, généralement entre 13 et 17 %. Les normes européennes placent le seuil autour de 20 %.
• Shipping Dry : “sec à l’embarquement”, c’est-à-dire suffisamment sec pour supporter le transport sans dégradation. L’humidité doit être inférieure à 22 %, seuil reconnu au-delà duquel les champignons peuvent attaquer le bois.

Attention : certains fournisseurs abusent du terme AD pour désigner du bois simplement stocké à l’air, pas forcément sec. Dans le doute, mieux vaut demander un taux d’humidité certifié.

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